mercredi 21 octobre 2015

L'imposture d'Al-Baghdadi, leader de Daech : une biographie montée de toutes pièces

Les deux principaux mensonges de son parcours

Le 29 juin 2014, premier jour du mois de Ramadan, Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri (dit Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi, anciennement Abou Du'a), se proclame calife de l'État islamique (calife Ibrahim). Cet acte majeur est le début d’une grande imposture dans l’Islam contemporain. En effet, rien ni personne n’a pu déterminer avec certitude son ascendance avec le prophète Mahomet ni même vérifier ses compétences théologiques et surtout religieuses.


Une ascendance et une ferveur religieuse contestée

Né dans l'est de l'Irak (les sources divergent quant à sa ville de naissance) en 1971, Al-Baghdadi est un djihadiste irakien. Sa jeunesse est méconnue et sa biographie précise difficilement vérifiable. Issu d'une famille rurale et pauvre, certains le décrivent comme un ancien agriculteur. Le chercheur irakien Hisham al-Hashimi rencontre Al-Baghdadi à la fin des années 1990. Selon lui, il n'avait alors « pas le charisme d'un chef [...] il était très timide et parlait peu ».

Afin de justifier une descendance liée à celle du prophète Mahomet, Al-Baghdadi attache le patronyme « Al-Qurashi » à son nom. Cette mention fait référence au clan des Quraych dont est issu le Prophète. Cependant, aucun lien avec ce clan n’a pu être démontré et encore moins prouvé par des documents officiels (généalogie…).

Des journaux européens ayant enquêté sur le parcours de Baghdadi le décrivent comme mauvais élève. Il aurait été refusé par l'armée à cause de sa myopie, malgré son appartenance à la minorité sunnite au pouvoir. N'ayant pu intégrer une faculté de droit, il se rabat, par défaut vers des études en théologie.

Sa carrière de prédicateur est même très contestée. Certaines sources affirment qu'il prêchait à la mosquée Ibn Hanbal Ahmad à Samarra, ainsi qu'à la Grande Mosquée à Bagdad, à la prière du vendredi. Mais l'analyste irakien Sajad Jiyad et beaucoup d'autres pensent qu'il ne s'agirait que de manœuvres pour créer de toute pièce une légitimité au leader de Daech
D'autres rumeurs le décrivent comme un ex-espion à la solde des services occidentaux (Cf. notre prochain article). 
Si l’on en croit un document de l’Agence Gouvernementale américaine Freedom of Information Act, déclassifiée en février 2015 (équivalent français de la CNIL), l’ennemi public N°1 exerçait la profession de secrétaire, bien loin des champs belliqueux. Il officiait dans un bureau administratif de Falloujah, dans le centre de l’Irak. Ce rapport a été révélé par le journal britannique Business Insider.
L'Armée américaine a consigné des informations sur la détention d'al-Baghdadi lors de son incarcération en 2004 en Irak.
Fichier déclassifié sur al-Baghdadi
De plus, Sajad Jiyad déclare qu'il n'a pas trouvé le moindre indice d'une quelconque ferveur religieuse dans la jeunesse de Baghdadi, et doute fortement de son passé religieux : « Je serais surpris s’il était une personne religieuse, comme la plupart des Irakiens qui se sont impliqués dans des groupes djihadistes étaient baasistes laïques avant 2003 ».

La véracité de ses diplômes est tout aussi douteuse que ses aptitudes à la pratique de la religion.

Un doctorat contesté

Il rentre à l'université à 20 ans en 1991, au moment où la guerre éclate suite à l'invasion du Koweit la même année. L’Irak est sous contrôle américain. Il fait deux ans d'études à Bagdad sans qu’aucune preuve n'ait été établie et ne justifiant pas d’un quelconque doctorat.

Cette histoire de diplôme obtenu à l'université théologique de Bagdad (ouverte en 1989) ne tient pas.
En effet, ses périodes d'emprisonnement entre 2004 et 2009 rendent impossible une formation de ce type qui se fait sur plus de 10 ans. Par ailleurs, personne n'est venu corroborer le fait qu'il ait soutenu une thèse ou obtenu un diplôme. D’ailleurs, tous les doctorats décernés par l'Université de Bagdad entre les années 1995 et 2005 identifient clairement leur auteur. Comment se fait-il que sa thèse ne soit enregistrée nulle part ? Comment a-t-il pu suivre des cours dans une université partiellement détruite lors de la 1ere guerre du Golfe ?

Ainsi, ce doctorat serait une rumeur lancée par les militants pro Daech pour légitimer leur chef (l’articleque lui a consacré Newsweek met sérieusement en doute ce fameux diplôme. ou encore un article du New York Times )
Les discussions relatives à la page Wikipedia qui lui est consacrée soulignent ces éléments très contestés : il semblerait que des militants pro-Daech tentent régulièrement de falsifier sa biographie (en omettant bien sûr de citer des sources pourtant obligatoires, mais... inexistantes !).

On peut y lire notamment :
«  […] pas de titre de la thèse, pas de directeur de mémoire, pas de publication, pas d'année de publication et encore moins de soutenance. De même, l'université de Bagdad peut fournir sans problème les noms des thésards en Islam entre 1995 et 2005, et tous sont répertoriés, annotés, datés, titrés et toutes les thèses sont attribuées. Il n'y en n'a pas une seule avec un nom non identifié (on sait qu'Al Baghdadi aime les alias... Mais là, ça ne marche plus.)
Je pense que c'est quand même le minimum quand on parle d'un thésard, c'est d'avoir sa thèse et sa date de soutenance et de publication.
Bref, je pense donc qu'il est temps désormais d'arrêter de lui attribuer des diplômes qu'il n'a pas. Ou de signaler que ses partisans lui ont inventé l’« histoire de sa vie » en prétendant qu'il s'y connaissait en islam pour le légitimer à son poste de « calife ». Sachant qu'en plus une thèse sur l'islam porte uniquement sur un point spécifique et qu'on y étudie pas la religion en tant que telle, mais un aspect (charia, vie pratique etc…), en aucun cas cela donne des connaissances comme peuvent l'avoir les docteurs en théologie. Bref, même en mentant, il se plante. »

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