mercredi 22 juillet 2015

Guerre au Sham : la saveur de la peur


« Devant cet entassement de tombes, on dirait que les gens n'ont d'autre souci que mourir. »

Emil Michel Cioran, Ecartèlement, 1979.


Les occidentaux au Sham qu’'ils  combattent pour ou contre daech, vivent à l'évidence dangereusement, risquant chaque jour de tout perdre : amis, santé, liberté, la vie même. Tout devrait les pousser à fuir ce mode de vie pétri de menaces, puisque là-bas nul n'échappe à une mort sera violente et prématurée. De fait, leur carrière de combattant est souvent brève. Pourtant, beaucoup prolongent leur "voyage en enfer", bravant le péril omniprésent. Comment se débrouillent-ils? Domptent-ils la peur? Parviendront-ils à contrôler le danger? Se pourrait-il tout simplement qu'ils ignorent la peur? 
Les réponses à ces questions se trouvent dans la combinaison de connaissances sur la psychologie de la peur et la criminologie. 

jeudi 16 juillet 2015

Créer l'illusion pour déchainer les émotions


Dans un précédent article nous évoquions de quelle manière Daech met en image l'horreur pour masquer ses défaites sur le front militaire. Cette organisation terroriste se caractérise entre autre par une maîtrise parfaite des outils de communication et nous ne pouvons que souligner la perfection de ses productions vidéo en terme de propagande.
Daech sait raconter les histoires. Il maîtrise ce que l'on nomme le Story Telling et en cela rien n'est fait au hasard: chaque image, chaque son, chaque effet est réfléchi, choisi pour atteindre un effet précis. Daech maîtrise la scénarisation, mais également la mise en scène et certains effets techniques cinématographiques qui vont transformer l'irréel en réel pour semer le doute dans l'esprit du spectateur. 
Car ce qui est important pour Daech, ce n'est pas que l'acte filmé soit vrai ou faux, ce qui est important c'est l'émotion et la réaction qu'il va générer.
Les exécutions sont indéniablement réelles et les protagonistes clairement identifiés: boureau et exécuté sont filmés dans le même cadre, l'acte de mise à mort ne laisse aucun doute sur l'identité du bourreau. D'autres sont cependant plus tendancieuses, même si à la fin de l'histoire un homme est exécuté. Loin de nous l'idée de proposer une théorie complotiste comme certains qui prétendent que les exécutions sont fausses.
Nous proposons une analyse de la vidéo diffusée en mars 2015 dans laquelle un jeune enfant exécute à l'arme à feu un jeune homme présenté comme étant un espion au service du Mossad.  C'est deuxième fois qu'une production vidéo de Daech met en scène une exécution réalisée par un enfant, quelques mois auparavant un autre enfant exécutait deux hommes d'une balle dans la nuque. Voici donc un décryptage du Story Telling de cette vidéo et une analyse filmique pour mettre à jour les mécanismes de propagande utilisés par Daech. Nous ne mettrons pas à disposition le lien permettant de visionner cette vidéo car nous ne voulons pas être les complices de la diffusion d'une propagande initiée par un groupe terroriste. Nous diffuserons seulement quelques captures d'écran afin d'étayer nos propos et illustrer notre analyse.

lundi 6 juillet 2015

Mettre l'horreur en images pour masquer la défaite sur le terrain


Les images de barbaries s'enchainent au fil des semaines et nos yeux s'habituent, les dernières arrivées sur nos écrans occultent les précédentes, aussi horribles soient-elles.
Ainsi ce week-end, Daech conviait la planète entière aux "Jeux du cirque" dans l'amphithéâtre romain de Palmyre pour assister à l'exécution de 25 soldats du régime syrien par de jeunes adolescents que Daech se plait à appeler Les Lionceaux du Califat. Notons au passage une certaine contradiction dans cette action qui s'inspire d'une civilisation polythéïste que Daech considère comme mécréante... La mise en scène est donc grandiose et le symbole véhiculé nous fait presque oublier la dernière vidéo diffusée le 23 juin présentant l'exécution "d'espions" selon trois modes opératoires des plus "glauques": les premiers "coupables" sont exécutés dans une voiture sur laquelle un soldat du califat tire au lance-roquettes, les suivants sont noyés enfermés dans une cage et les derniers sont enchainés par le cou à l'aide d'un cordeau détonant dont la mise à feu fait exploser leurs têtes.
Au-delà du message adressé aux "espions" potentiels par cet acte d'exécution, c'est encore une fois la mise en image de la dramaturgie dans toute son horreur  qui est à souligner et à décrypter.

mercredi 1 juillet 2015

Femmes en jihad, femmes dans le jihad 1/3


La femme est un guerrier comme les autres

Dans l'imaginaire commun des sociétés dominées par le patriarcat, la guerre, le combat ou le terrorisme, sont des notions associées exclusivement à la masculinité tout comme l'a exprimé en ce début d'année l'écrivain Virginie Despentes à l'occasion d'un article publié dans les Inrocks suite aux événements tragiques de Charlie Hebdo:"Je crois que ce régime des armes et du droit à tuer reste ce qui définit la masculinité."
Ainsi, depuis l'antiquité, le thanatos serait l'apanage de l'homme alors que le désir de vie serait chevillé au corps de la femme, la femme dont la relation à la belligérance ne serait que celle de victime passive d'un dommage collatéral.
Cependant, l'histoire universelle regorge de figures féminines emblématiques, qui, éloignées des gynécées, marquent des épisodes guerriers ou révolutionnaires. Qu'elles soient fictives ou réelles, actives ou passives, leur présence ne laisse jamais place à l'indifférence. Figures guerrières, politiques ou révolutionnaires érigées en modèles à suivre ou à renier au cours des épisodes marquant les conflits et les révolutions de l'histoire mondiale. Elles ont de nouveau trouvé leur place en ce début du 21ème siècle depuis le Liban jusqu'à la Tchétchénie en passant par la Palestine et le Sham.
Les faits historiques semblent donc nous montrer que la femme est capable de verser les larmes tout comme elle est en mesure de verser le sang.
L'implication des femmes dans le jihad global mené par Daech bénéficie actuellement d'une résonnance médiatique importante, suscite l'intérêt de nombreux intellectuels et donne lieu à des publications officielles en son sein.
La mythologie daechienne a-t-elle une part de féminité?