mercredi 20 juillet 2016

Françaises, Français, réveillez-vous !


A la suite des attentats de Charlie Hebdo et du vendredi 13 novembre un élan de patriotisme et de fraternité laissait penser que la France se réveillait d’un coma dans lequel elle s’était plongée depuis de nombreuses années. L’identité, l’unité, la résilience ! Des mots qui ont marqué notre pays et son histoire. Mais la France s’émeut de la barbarie aussi vite qu’elle l’oublie. Le temps de l’indignation, malgré son ampleur, n’a pas suffit à influer sur notre comportement de citoyen. L’esprit civique ne s’arrête pas dans les urnes et la responsabilité commune devrait s’imposer naturellement, bien souvent avant la satisfaction de nos intérêts immédiats.
Mais que faisons-nous ? Allons-nous réveiller nos consciences citoyennes ? Déciderons-nous de raviver en chacun de nous le sens de l’engagement et du courage ? Ou choisirons-nous d’écouter passivement le cri de détresse qui saigne notre pays de part en part ?
Dans tous les domaines (exactions, cibles innocentes, utilisation d’enfants à des fins terroristes, abus sexuels des femmes), Daesh s’est fait du pire une stratégie. L’utilisation de la sauvagerie sous toutes ses formes demeure le moyen privilégié par l'organisation terroriste pour imposer sa volonté et embrigader ses futures recrues. L’outil indispensable à cet objectif n’est, ni plus ni moins, l’Internet. Révolution du XXème siècle et garant d’une nouvelle forme d’expression, l’Internet a doté les individus de nouveaux canaux de communication. Daesh l’a bien compris et a fait preuve d’innovations dans la mise en place d’une stratégie expansionniste sur la toile. Jamais les réseaux sociaux, et plus largement l’Internet (forums, blogs, sites internet, etc.) n’ont connu un djihad médiatique aussi offensif. Mais que serait Daesh sans les réseaux sociaux ? Que serait l’hydre de guerre sans son outil de recrutement et de propagande ? Pas grand-chose. Et l’organisation terroriste le reconnait, les médias constitueraient 50% de leur combat. 
   
La nécessité de nous engager avec clairvoyance et détermination en ne discriminant personne est aujourd’hui indispensable. Le mal et la souffrance sont là, le dernier attentat de Nice nous le rappelle douloureusement. Cette intrusion perverse nous plonge à nouveau dans un moment de deuil national. Il est néanmoins de notre devoir de rester lucide face à l’adversité et de ne pas se laisser envahir par l’horrible. Paralyser nos actions est l’objectif poursuivi par l’organisation terroriste.
Le collectif de La Mécanique DAESH invite tous les citoyens français à devenir plus actifs dans le monde du numérique. Désamorcer la dangerosité des islamistes en combattant la propagande salafo-djihadiste sur l’Internet relève de notre devoir de citoyen. Notre démarche doit être construite et concertée. C’est pourquoi, nous proposons à tous les citoyens voulant mettre un terme à la barbarie et la sauvagerie de se joindre à notre collectif en produisant des articles percutants et de qualité. Vous pouvez nous joindre par message privé sur Twitter ou par mail à cette adresse : lamecaniquedaesh@gmail.com. Toute contribution qui offrira une approche riche et diversifiée sera soumise au collectif avant publication.
Nous vous incitons également à dénoncer tout contenu ou comportement faisant l’apologie du terrorisme sur l’Internet et les réseaux sociaux via https://www.internet-signalement.gouv.fr/PortailWeb/planets/Accueil!input.action.
Nous profitons de ce billet d’humeur pour remercier nos lecteurs et nos followers. Grâce à leur aide, leurs conseils et l’écho qu’ils apportent à notre travail, nos actions peuvent aboutir pour faire reculer la propagande délétère de Daesh sur la toile. Nous ne possédons pas de fusils pour nous battre contre la folie meurtrière du terrorisme mais nous avons notre esprit pour éclairer l’obscurantisme de ses actions. La menace qui touche la France, et bien d’autres pays de ce monde, justifie notre engagement, notre mobilisation et notre volonté à défendre la France, la République et ses valeurs.

mercredi 13 juillet 2016

Daesh : une propagande destinée à qui, et à quelle(s) fin(s) ?


« On donne à Daesh une importance médiatique démesurée », Inaglobal1

 « La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. »
Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes.

Les messages de l’organisation terroriste ne se limitent pas à des revendications ou des discours religieux mais font l’objet de « produits » médiatiques dignes d’agences de marketing ou de publicité, ce qui peut paraître curieux pour un groupe paramilitaire qui se présente comme l’unique représentant sur terre de la volonté et de la justice divines.
La violence à outrance de ses productions, les moyens matériels et humains alloués à ses sociétés de productions, comme "El Hayat Media Center" ou « An Nûr Media », et à leurs unités de reportage sur le terrain, copiées sur les « combat camera teams » des armées occidentales, sont révélateurs d’une réelle politique de saturation de l’espace médiatique. Cette pratique peut renvoyer à l’outil de destruction du libre-arbitre mis en place par Joseph Goebbels au profit de l’idéologie nazie.
Notre attention est également attirée par les codes utilisés dans les produits médiatiques de Daesh similaire à ceux de l’Occident, contre lesquels l’organisation se pose en opposition frontale. Ce paradoxe est à noter et prend tout son sens si l’on admet que la propagande de Daesh pourrait avoir pour cible première l’Occident, comme le démontre l'utilisation de langues occidentales pour des publics ciblés ou les mises en scènes dignes d’un péplum.
Soit, admettons-le, Daesh a mis en place un outil de propagande à la mesure de ses aspirations hégémoniques, mais quels sont les enseignements que nous pouvons en tirer ? La mise en œuvre d’une propagande orchestrée, structurée et dotée de moyens conséquents est un outil dans lequel l’organisation n’aurait pas investi si elle n’en attendait pas des effets en retour.

Un outil d’appui aux combattants
L’obtention d’un ascendant sur le terrain
Lors de la prise de Mossoul en Irak en juin 2014, les hommes de Daesh étaient moins nombreux que les policiers de la ville. Néanmoins, la violence des images diffusées et l’horreur des supplices mis en scène sur les réseaux sociaux ont terrorisé la population et les forces de l’ordre, au point que les groupes armés de Daesh ont pu prendre la ville sans rencontrer de résistance notable. Le rapport de force a ainsi pu être inversé grâce aux effets bien réels de l’horreur véhiculée par l’image.

Un effet de sidération sur les opinions publiques
Dans le même ordre d’idées, la violence et la cruauté des images, mises en scène avec emphase, provoquent un état de choc chez le spectateur et inoculent un germe de la défaite au sein des démocraties qui s’opposent à l’organisation dite « État islamique ».
Par ailleurs, le principe des exécutions-spectacles est utilisé par l’organisation terroriste afin de transmettre une idéologie de l’obéissance et interdire tout doute sur la culpabilité du supplicié. Elles ont vocation à dissuader ceux qui pourraient s’opposer à la règle imposée, par la peur du châtiment.
Bref, c’est une forme de prise de pouvoir sur les opinions publiques locales…

Un outil de recrutement


« Le dessin sur daesh refusé du Weekend », Les humeurs d’Oli2

 
Les techniques de combat de Daesh, faisant largement appel à l’usage de chair à canon et de combattants-suicide, nécessitent par la force des choses un renouvellement permanent des combattants, que seule une stratégie cynique de recrutement de masse permet d’obtenir.

Pour celles et ceux qui rêvent d’aventure et d’action, la présentation d’un Levant idéalisé, scénographié comme une superproduction hollywoodienne, les incite à venir combattre bien loin de la dure réalité du quotidien.

Les films sont des vecteurs d'influence, d'attraction et de séduction très efficaces. La cause est présentée comme sacrée, alors qu’elle ne sert en réalité que les intérêts très prosaïques de quelques privilégiés du système. C’est une escroquerie intellectuelle qui fonctionne comme ces lampes aux ultraviolets destinées à électrocuter les insectes…

La cible de Daesh n’est en aucun cas constituée par les érudits de l’Islam, ni les intellectuels laïcs, qui fuient spontanément cette hydre malade. Il s’agit davantage d’un terreau inculte en quête de sens et d’action, en échec dans sa vie personnelle, sociale et spirituelle, qui sera bien plus malléable et qui acceptera plus facilement d’aller sacrifier sa vie dans un attentat-suicide, après une préparation psychologique froidement adaptée.

Des vidéos, sonorisées par des nasheed - ces chants a capella reconditionnés pour correspondre à la représentation mentale de l’organisation - et un discours idéologique superficiel qui se focalise sur l’aspect ludique et festif du djihad, cherchent à obtenir un pouvoir d’attraction fort sur des adolescents immatures.  Les pulsions de mort et les pulsions de vie s’entremêlent dans un ballet qui a pour vocation de fasciner les futures recrues.

Daesh a bien retenu la leçon de ces sectes qui recrutent des laissés-pour-compte au moyen de sondages sur l’épanouissement personnel. Cette machine à broyer les êtres a industrialisé le processus en utilisant des moyens de diffusion de masse, comme les réseaux sociaux.

Quelques mystificateurs machiavéliques, confortablement installés dans des territoires sous contrôle, utilisent des techniques de manipulation des masses qui auraient fait pâlir les Nazis de jalousie.

Un outil d’autojustification et de légitimation

Daesh souhaite faire croire à sa toute-puissance, son invincibilité.
C’est un des stigmates de la projection de l’égo démesuré de son chef, calife autoproclamé à la place du calife, qui veut nous faire croire qu’il transcende la réalité.

C’est aussi un moyen de galvaniser ses propres troupes, de créer des mythes artificiels et de les illustrer. Daesh détourne des versets du Coran et utilise l’iconographie des figures politiques du monde arabe médiéval pour les modeler à son avantage. Son exégèse inavouée des textes sacrés lui permet de faire dire au Prophète ce qui l’arrange et de récupérer à son profit l’image du cavalier arabe guerrier et victorieux. Mais Daesh ne trompe personne…

Il y a là une volonté de construire une véritable mythologie factice au moyen de récits épiques fondateurs, de s’inscrire dans l’imaginaire universel pour véhiculer un embryon de doctrine qui fascinera les faibles.

Les productions médiatiques de Daesh proposent aussi un grand nombre d’articles et de reportages sur des sujets de société et vantent souvent les mérites de la vie rêvée au Levant. C’est un moyen de copier les caractéristiques d’un État légitime, de s’auto-congratuler sur la réussite supposée du « modèle », qui permet à la fois de se rassurer et de montrer des villages Potemkine à ceux qui veulent bien y croire.

Un outil de dissimulation

Quand on n’a pas les moyens de restaurer une ruine, on la peint.

C’est une stratégie adoptée par Daesh, qui, en magnifiant son action par l’image et en surévaluant ses victoires sur le terrain, tente de dissimuler le fait que son emprise sur les territoires asservis ne fait que décroître, comme une peau de chagrin. Selon une analyse de la société américaine IHS3 (voir également notre ancien article ici), Daesh aurait perdu 12% de son territoire en Irak et en Syrie depuis janvier 2016. Palmyre et Fallouja sont les plus grandes défaites de l’organisation en 2016. 


Daesh cache sa faiblesse par un regain de communication d’intoxication, en tentant des diversions fortement médiatisées, comme sa supposée expansion en Asie, ou, plus tristement dramatique, par des attentats aveugles. Le terrorisme est l’arme du faible, pas celle d’un Etat assumé et rayonnant.

Est-ce que cette propagande, de plus en plus active, poussée à son paroxysme, ne serait pas un simple cache-misère, une preuve de plus que Daesh est aux abois, aux antipodes de la puissance inébranlable revendiquée ?

Sa politique de recherche de statut de marque déposée sera à terme un échec. A placer son combat sur le terrain de l'imaginaire, la marque commerciale DAESH® veut nous faire croire qu’elle se porte bien, mais la publicité mensongère finit toujours par se retourner contre son concepteur.

Et alors ?

Ces observations devraient amener à s’interroger tous ceux qui servent de relais, volontaire ou involontaire, à cette propagande. Les internautes qui facilitent la diffusion de ces supports ont un effet mécanique sur leur dissémination, même s’ils le font en vue de les critiquer. Ce n’est de toute façon pas la raison qui permettra de contrer un dispositif manipulatoire fondé sur des ressorts passionnels.

Toute cette propagande n’a vocation qu’à dissimuler la faiblesse et les aspirations très prosaïques de Daesh, à instrumentaliser les hommes et les cultures au profit de sa quête de puissance, qui est son seul et médiocre intérêt, à court terme.

Une raison de plus de ne pas craindre Daesh.


1 www.inaglobal.fr/presse/article/donne-daech-une-importance-mediatique-demesuree-8895
2 www.humeurs.be/tag/verviers/page/5/

 3.Press.ihs.com/press-release/aerospace-defense-security/islamic-state-caliphate-shrinks-further-12-percent-2016-ihs











mardi 5 juillet 2016

Obéir et procréer sans rien dire, le sort des femmes chez Daesh




Les femmes représentent plus de 35 % des étrangers français en Syrie ayant rejoint l’organisation terroriste Daesh et constituent 20 % des départs à destination de ce pays depuis l’Europe et les Etats-Unis. Matrice du monde, elles incarnent la clé indispensable au projet expansionniste du Califat. Elles sont la pierre angulaire de la construction d’un Etat. Leur pouvoir ? Avoir la capacité de procréer dans le silence pour l’aboutissement d’un Etat établi : « There’s a priority for the Islamic State to attract females because it offers stability. If you want people to see you as a nation, a legitimate state, it’s important to attract females and have them start families »1.
Mais quels sont les leviers qui incitent ces femmes à quitter leur famille et à prendre part au djihad ?
L’espoir d’une vie meilleure et d’un prince charmant
Nombreuses sont les femmes qui mettent en avant la déliquescence de la société occidentale, la perte de valeurs et de repères. Le moudjahid incarnerait, quant à lui, une masculinité, une forme de virilité aux traits pieux qui permettraient aux femmes d’accomplir un destin fantasmé et de se prémunir de galères amoureuses. Ainsi, elles embrassent la cause du djihad pour rétablir un équilibre homme/femme dans une société qui ne respecte plus la femme. Selon Géraldine Casutt, chercheuse à l’université de Fribourg, les femmes cherchent une « forme d’émancipation de la société occidentale, de ses formes sociales et vestimentaires, de l’image de la femme dans la publicité »2. Pieuses, elles espèrent réunifier le monde musulman éclaté de part et d’autre du globe. Ne pouvant pas vivre pleinement leur religion en Europe, les « perles du califat » sont convaincues que l’Etat islamique représente l’endroit rêvé pour s’épanouir spirituellement : «On m’a fait un lavage de cerveau : la propagande de Daesh est très persuasive. Je me suis radicalisée et je me suis convaincue que le califat représentait un lieu de vie idéal pour les vrais musulmans »3.
L’égalité homme/femme n’est pas reconnue par la gente féminine et la considère comme « hypocrite ». Les femmes « réfléchissent plutôt en termes de complémentarité avec les hommes »4 et revendiquent leur statut de mère, d’épouse et de sœur.
Les jeunes femmes adolescentes n’échappent pas aux clichés fleurs-bleues ravivant le cœur et les esprits des plus sensibles. Elles sont à la recherche du héros, voire du héraut, dont elles seront fières, du prince charmant qui animera en elles des passions inavouées : « Après quelques minutes, j’ai jeté un œil à travers mon niqab. Il m’a regardée. Nos regards se sont croisés. Mon cœur palpitait plus vite que la vitesse de la lumière » 5. Cette phrase est extraite d’un des comptes Twitter créés par les recruteurs de l’organisation de l'Etat Islamique (@_BirdOfJannah – compte aujourd'hui fermé) pour inciter les femmes à rejoindre le Cham. Car même si les images insoutenables véhiculées par l’hydre de guerre sont appréciées par la gente féminine, les femmes n’en restent pas moins friandes d’un pseudo-romantisme cucul les bousculant dans leurs retranchements émotifs.
Et les recruteurs l’ont bien compris ! Ces derniers adaptent leurs approches en suivant des scénarios bien établis. Lorsque la jeune femme est altruiste, Daesh lui proposera de venir en soutien aux populations civiles subissant les exactions du gouvernement de Bachar-Al-Assad ; lorsque la jeune femme est dépressive, l’organisation lui demandera de participer aux opérations suicides ; et si son penchant pour les histoires à l’eau de rose se manifeste dans ses échanges, le recruteur lui fera miroiter le prince charmant solutionnant tous ses problèmes affectifs.
La stratégie de la propagande djihadiste n’écarte aucun support pouvant inciter les « bonnes musulmanes » à trouver la voie dans l’extrémisme religieux. Un magazine féminin islamique et djihadiste, Al-Shamikha, a été créé afin d’appeler les femmes en terre sainte. Ce « guide » offre aux lectrices un sommaire détaillé, digne d’un périodique de renom, n’épargnant pas le drapeau de l’Etat Islamique aux côtés de fleurs et de pictogrammes rose bonbon. L’édito est clair et enjolive le statut de la femme d’un martyr : « elle représente la moitié de la société car elle met au monde l’autre moitié […] Le monde a besoin de femmes qui connaissent leur religion pour éduquer les prochaines générations ». Ainsi, elles sont dépeintes comme le soutien indispensable des combattants musulmans à l’édification d’un califat. A l’image d’un magazine extrait tout droit de la presse féminine, les rédacteurs proposent des conseils de beauté et de psychologie et n’oublient pas de sensibiliser les femmes à la bonne application de la Charia.
Quel avenir pour ces femmes une fois en Syrie/Irak ?
Attirer la gente féminine pour pérenniser plusieurs générations de moudjahid n’est pas le seul objectif de l’Etat Islamique. A l’instar du rôle des princes charmants dans la politique de recrutement de l’EI, les femmes servent bien souvent d’appât aux hommes pour les appeler au combat. Les femmes motivent également  « les combattants sur place et les empêchent de vouloir quitter leurs rangs… » 6. Les hommes partis rejoindre l’Etat Islamique ont cruellement besoin des femmes pour donner une lueur de distraction à leur quotidien morose. Dérivatif, amusement, délassement du guerrier, elles n’ont de reconnaissance que dans la façon dont elles obéissent à leur mari : « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne chercher plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand ! » (Le Saint Coran - Sourate 4, Verset 36).
La liberté dont les femmes musulmanes jouissent aujourd’hui en occident est définitivement abolie une fois les frontières du Cham passées. Le plus souvent à la maison à s’occuper des enfants et du foyer ainsi qu’à répondre aux demandes et attentes de leur mari, les femmes ont rarement la possibilité d’exercer une activité professionnelle. Seules certaines d’entre elles sont employées à l’extérieur de la maison. C’est le cas de celles qui ont intégré la Hisbah (police religieuse) pour réprimander les faits et gestes d’autres femmes ne respectant pas les règles de la Charia selon Daesh : « Les femmes étrangères et européennes de la Hisbah  ont un statut plus élevé que les syriennes. Si je marche dans la rue avec des hauts talons et des vêtements colorés, et que je montre mes yeux, évidemment elle viendra armée et en uniforme, et me jettera dans la voiture […] J’aimerais tant pouvoir enlever mon niqab pour de bon et sortir des ténèbres qui nous entourent. Je rêve de pouvoir m’habiller comme avant… de pouvoir sortir dans la rue sans avoir peur. Sans voir d’armes, d’étrangers barbus aux visages terrifiants. Je veux vivre comme je veux. Acheter ce que je veux. Je veux sortir seule, libre sans gardien pour m’accompagner. Rien ne m’est plus cher que la liberté »7.
Les femmes n’ont pas le droit de sortir seule, même pour aller chercher du pain ou du sel à l’épicerie du coin. Elles sont tenues de satisfaire les besoins de leur mari et ne vivent qu’à travers lui : « J’ai été obligée de porter la burqa et je ne pouvais quitter la maison qu’accompagner de mon mari, même pour me rendre dans une épicerie ».
Coupées du monde, sans réelle vie sociale, elles sombrent le plus souvent dans une grande solitude meurtrie d’ennuis et de regrets. Elles passent leurs journées à regarder des séries télévisées américaines. Cette pratique frôle le ridicule et ne manque pas d’hypocrisie. Vouloir tuer l’Occident et s’en nourrir simultanément… Cherchez l’erreur !
Tant bien que mal, les femmes essaient de garder un lien avec leur famille en Occident au-delà des difficultés qu’elles rencontrent à cause de la censure, les cadres de Daesh filtrant les échanges. Les chances de regagner leur pays d’origine sont minces et demandent aux plus motivées de convaincre leur mari combattant et de faire appel à un réseau élargi de passeurs. Si toutefois elles regagnent l’Europe, elles sont arrêtées puis emprisonnées par les autorités. De fait, se projeter dans un futur plus ou moins proche devient difficile : « Ne partez pas, réfléchissez à ce qu’implique vos actes. Une fois sur place, il est impossible de revenir en arrière. Ne commettez pas mon erreur, parce que ma vie est ruinée ».
Même à la maison, les femmes ne sont pas exemptes d’atrocités au quotidien. Une vidéo, publiée par Expressen TV, nous offre le témoignage de deux syriennes vivants sous le joug de Daesh à Raqqa. Loin d’être épargnées, elles assistent à des assassinats et des tortures8 : « J’y suis allée voir. C’est humain d’être curieux et de vouloir regarder. J’ai essayé de regarder. Ils avaient assis un homme par terre. C’était un jeune homme, un soldat. Il était assis là, et ils avaient placé des couteaux à côté de lui. Ils étaient vêtus de noir. Il y en avait quatre ou cinq. Ils ont chacun tiré quatre ou cinq fois. Quand il est mort, ils l’ont décapité. J’ai essayé de regarder mais je n’ai pas eu la force. Ils exécutent par balle, profanent le corps, coupent la tête, la plantent sur une pique et l’exhibent au rond-point. Ou bien, ils couchent le corps sur la route et obligent les voitures à rouler dessus jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Le corps ne fait plus qu’un avec le sol. Il ne reste plus que les vêtements ».
Les départs pour la Syrie et l’Irak nous prouvent que le djihad n’est pas l’apanage des hommes. Souvent très jeunes, les femmes partent pour l’autre continent et deviennent l’ombre des combattants de l’Etat islamique. En pleine guerre et barbarie, elles servent de distraction aux hommes et deviennent des esclaves sexuelles à la merci de leur bourreau de mari. Souvent vulnérables et victimes de mauvais traitements, elles élèvent la prochaine génération de l’organisation en découvrant peu à peu l’épouvantable facette de la vie sous Daesh.
1  Marie-Claire, « The american Women of ISIS », 22 avril 2016.

2 La Liberté, « Ne pas négliger le rôle des femmes », 2 mai 2014.

3 7sur7, « Une carolo déradicalisée explique l’enfer vécu en Syrie »,21 avril 2016.

4 La Liberté, « Ne pas négliger le rôle des femmes », 2 mai 2014.

5 Le journal des femmes, « Daesh pervertit les codes du romantisme pour séduire les femmes », 26 janvier 2016.

6 20 Minutes, « Fugues vers la Syrie : “Daesh a compris que les femmes peuvent server à motive les combattants » », 07 mars 2016.

7 Ibid. 8 Youtube, « La vie à Raqqa : Deux femmes ont filmé en caméra cachée la ville occupée par l’Etat Islamique », vidéo publiée le 18 mai 2016.