mardi 8 décembre 2015

La Mécanique DAECH accuse !


La Mécanique DAECH accuse !
Le vrai visage des pourvoyeurs djihadistes de l’Internet,
Le cas d’Archive.org

Les nouveaux moyens de communication issus de l'Internet et de ses dérivés (plateformes de médias en tout genre, réseaux sociaux, etc…) ont profondément changé la donne des modes opératoires des groupes terroristes. La guerre ne se fait plus seulement sur un terrain physique mais s’établit et se pense au sein d’une sphère virtuelle. Comme toute technologie qui se respecte, l’Internet possède des failles qui profitent à une propagande djihadiste pénétrée par une communication guerrière et profondément abjecte.
Les événements tragiques de ces derniers mois et les mesures prises par la communauté internationale sont autant d’étapes insufflant une prise de conscience aux grands acteurs de l’Internet et des réseaux sociaux. Face à un laisser-faire massif, une coopération entre ces derniers (Apple, Facebook, Google, Microsoft, Twitter) et les autorités gouvernementales françaises a été mise en place dans le but de lutter contre le terrorisme, la radicalisation sur l’Internet1, et responsabiliser des grands opérateurs.
Or, les hébergeurs de contenus faisant l’apologie du terrorisme s’investissent de manière inégale dans la coalition menée contre le terrorisme sur la toile. Pire, certains exploitent la renommée des groupes islamiques pour en tirer des avantages médiatiques et financiers et ce, en dépit de la résolution 2199 adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui ordonne le gel des « ressources financières et économiques » des groupes djihadistes y compris « celles qui sont utilisées pour l’hébergement de sites internet et de services connexes »2.
Dans ce cas, Archives.org manifesterait un positionnement qui relèverait d’un certain flou artistique. Cette plateforme, qui n’est pas exclusivement dédiée aux contenus des groupes terroristes, met à disposition des internautes du contenu multimédia (vidéo, audio, texte, software, PDF, GIF, etc.) et classe ces mêmes contenus dans des catégories et sous-catégories. Daesh n’a qu’à se frotter les mains de cette aubaine numérique pour développer et affiner sa propagande.
A l’instar de toute entreprise ou organisation, le groupe extrémiste fait appel à ses propres agences de communication pour instaurer un lien avec leurs cibles en élaborant un positionnement à forte visibilité sur l’ensemble des terrains d’opérations (physique et virtuel)3. Les produits de communication labélisés Daesh assimilent l’adhésion à la reconnaissance de la vérité absolue, par le biais de symboles forts et de discours relevant de la religion, de l’histoire mais aussi de la décrédibilisation de l’ordre établi. Ces discours fanatiques méconnaissent le caractère propre de la démarche argumentative et se contentent de persuader par la force, la terreur et le spectaculaire.
Quelques clics suffisent sur le site Archive.org pour accéder à des vidéos, images et bandes-son nous plongeant dans l’univers macabre de Daech. Le plus souvent, ces supports de communication font appel au rassemblement, au meurtre et poussent le vice jusqu’à la mise en scène d’exécutions et de maltraitance. En témoignent les prises d’écran suivantes, retraçant en partie les exactions et actes effroyables de Daesh :


Le calife de l’Etat islamique, Aboû Bakr al-Baghdâdî, prenant la parole dans une mosquée


Exécution d’un espion avec pour support textuel un passage du religieux à la menace



Vidéos relatant les exactions menées par Daesh depuis l’instauration du califat.


En ignorant le contenu exploité par les djihadistes, Archive.org semble se positionner dans un premier temps comme victime passive d’un mouvement extrémiste. Un instant de réflexion suffit pour constater que son implication et sa responsabilité sont bien plus importantes que celles d’un simple pourvoyeur de contenus multimédia. Par son inaction, cette plateforme contribue à la diffusion mondiale de contenus terroristes qui cherchent à recruter de nouveaux combattants, menacer des populations innocentes... Par avance assuré de la tendance de son auditoire, on serait en droit de se demander si finalement cette plateforme de partage de contenus ne deviendrait pas le complice actif de crime contre l’humanité.
Face à cette montée en puissance des groupes islamistes extrémistes sur le web et ses réseaux sociaux, des outils au service des pouvoirs régaliens ont été mobilisés pour s’engager durablement dans la lutte contre l’apologie du terrorisme et de ses dérives sectaires. La loi sur le renseignement marque la progression notable de la France dans le traitement numérique du terrorisme. Au-delà des polémiques que cette loi a pu susciter dans la sphère publique et médiatique, nous n’en restons pas moins conscients des avancées qu’elle engendre. Les hébergements sont soumis à une nouvelle règlementation qui les contraint à accepter une captation en temps réel des données de connexion et la mise en place de boites noires. Investir dans les moyens numériques serait une des solutions incontournables face aux contenus incitant au terrorisme ou faisant son apologie. Ainsi, le code pénal français prévoit une condamnation pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende « lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne ». Par ailleurs, l’article 6 de la loi 2014-1353 du 13 novembre 2004 « pour confiance de l’économie numérique (LCEN) », oblige, elle aussi, les Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) et les hébergeurs à « concourir à la lutte contre la diffusion ».
Parler c’est agir. Laisser parler c’est collaborer…



1 Le 03 décembre 2015 à Matignon, réunion de travail avec les grands acteurs de l’Internet et des réseaux sociaux, et le gouvernement français.
2 ONU/CSNU : résolution 2199 adoptée par le CSNU le 12 février 2015 
3 www.mediapart.fr : « Les rouages de la communication terroriste : comment comprendre les enjeux de la peur »,

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