vendredi 20 novembre 2015

Daesh : un « remake » de l’empire d’Al Capone ?


 
Daesh :
un « remake » de l’empire d’Al Capone ?
En raison des derniers attentats qui ont meurtri la France, notre action d’information et de sensibilisation pour lutter contre cette criminalité barbare organisée est un devoir envers nos victimes.
Prétextant un retour à un Islam des premiers temps, l’organisation Daesh n’est en réalité qu’une organisation criminelle et mafieuse qui trouve de surprenantes similitudes dans les gangs de l’après-guerre de 14-18 aux Etats-Unis.
Cette analyse propose de mettre en exergue les similitudes entre l’empire d’Al Capone et l’Etat islamique qui tend à démontrer la réalité de l’organisation djihadiste.
Abou Omar Al Baghdadi, Al Capone : des similitudes troublantes.
Issus l’un et l’autre d’un milieu simple et religieux, ils apparaissent rapidement comme étant en quête de pouvoir et d’argent. Bien que travaillant modestement, ils vont peu à peu se laisser porter par leurs ambitions personnelles, allant jusqu’à renier les préceptes inculqués durant leur enfance. Tout en se présentant comme des hommes de conviction, la réalité de leur vie cachée laisse entrevoir une véritable antinomie entre leur visage public et privé. Constituant un véritable empire de la corruption reposant sur des actions criminelles violentes, (Al Capone dira : « On peut obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver, qu’avec un mot gentil tout seul »), ils vivent essentiellement cachés et protégés, craignant pour leur sécurité.
Des traits psychologiques comparables :
Al Capone : tempérament impulsif, recherche d’émotions fortes, sûr de lui, sensibilité à fleur de peau, irritable et imprévisible, émotif, sensible, fantasque, capricieux, soucieux de son image renvoyée vers le public, esprit vif au service de sa carrière, opportuniste, irrationnel, secret, fuyant la réalité, nature introvertie et froide..
Abou Omar Al Baghdadi : sensibilité exacerbée, préférant faire faire les choses par les autres, énergique, nerveux, nature toute en puissance et confiance, dominant, fier, déterminé, ambitieux, orgueilleux, charismatique, défiance à l’autorité.
Dotés d’un charisme incontestable, les deux leaders suscitent la fascination. Forts de ce pouvoir, ils vont établir leur « empire » sur le culte de la personnalité.
  • Un contexte géopolitique étonnement comparable.
Profitant de la guerre civile en Syrie et de la forte instabilité en Irak, Daesh a jeté son dévolu sur cette partie du monde rendue vulnérable. La désorganisation politique et la fragmentation du pouvoir favorisent l’émergence d’organisations criminelles. Cherchant à prendre racine tout en s’appuyant sur le désœuvrement des populations, (désengagement de l’Etat dans la vie quotidienne et sociale, flux migratoire lié aux zones de combat, sentiments de vulnérabilité et de crainte…), Al Baghdadi, calife de l’Etat islamique profite de cet environnement social, économique et politique défavorable pour mettre en place sa « mécanique criminelle ».
Al Capone profitera des années d’après-guerre avec l’interdiction de l’alcool et du sentiment anti-allemand (les « germaniques » émigrés dominent dans le domaine de la distillerie et de la brasserie aux Etats-Unis) pour mettre en place son empire mafieux. Il utilise ainsi la quête de moralisation de la société (lutte contre l’alcoolisme, la débauche…) pour développer son empire mafieux.
  • Une implantation géographique méticuleusement choisie :
Al Capone jette son dévolu sur Chicago (2° ville des Etats-Unis). La ville est, à cette époque, un carrefour économique considérable et un nœud logistique grâce à l’activité de son port. Disposant d’une situation géographique privilégiée, la ville de Chicago possède des infrastructures variées de communication avec une forte activité portuaire, aidée par la proximité entre autre du Canada, un réseau ferroviaire dense et un complexe routier important. Dotés de tels équipements, les secteurs d’activité économique se diversifient, abattoirs – sidérurgie – industries mécanique – chimie… En pleine expansion et disposant d’une forte croissance de sa population, Chicago dispose aussi d’un réseau mafieux très actif. Profitant de cet environnement, Al Capone va prendre peu à peu le contrôle de ces organisations criminelles et développer son empire de la contrebande. Le trafic d’alcool sera en particulier facilité par l’activité du port permettant un approvisionnement aisé venant du Canada. Quant à la prostitution, elle se développe en raison de la situation de la ville, zone de transit portuaire.
Quant à Daesh, il va profiter de l’implantation d’Al-Qaïda afin de constituer peu à peu son « empire ». Alors que la situation insurrectionnelle s’amplifie tant en Irak qu’en Syrie, il s’agit pour l’Etat islamique d’investir une zone géographique porteuse économiquement. L’EI met l’effort sur le grenier agricole de la Syrie et sur les zones pétrolifères syro-irakienne.
Concentrant son effort sur les abords de l’Euphrate en Syrie, 1ère zone agricole de Syrie ainsi que dans les zones pétrolifères d’Irak le long du Tigre, il a pris pied sur les axes logistiques majeurs de la région, pouvant contrôler jusqu’au trafic commercial majeur reliant la Jordanie à l’Irak.
En Syrie, par son implantation, Daesh contrôle la plus grande partie de la production de coton ainsi que celles d’orge et de blé (majorité des 56 000 km2 de terres irriguées en Syrie). Profitant de l’irrigation des sols, elle profite de cette manne qu’offre cette zone fertile. En Irak, elle détourne 40 % de la production agricole à son profit. Par ailleurs, grâce au pétrole et au gaz, les zones annexées offrent une garantie financière importante.
Ainsi, Daesh a agi dans le seul but de conquérir des zones économiques névralgiques, sources d’importants revenus indispensables à son action mafieuse et criminelle.

  • Un capital financier semblable à l’empire d’Al Capone.
Le pétrole : si l’annexion de sites d’exploitation par Daesh a fait partie de sa stratégie initiale de conquête territoriale, elle suit aussi une logique de marché noir dans une période où le coût du baril repart à la hausse (2013-2014). Devant une demande internationale croissante et un approvisionnement en partie perturbé par la dégradation sécuritaire au Proche-Orient, l’opportunité d’offrir un pétrole de contrebande incite Daesh à faire effort sur l’occupation de ces zones stratégiques. Comme Al Capone a su profiter de l’interdiction de l’alcool par la prohibition, Daesh joue sur le prix du baril afin de s’enrichir. Ainsi 10 à 20 % de la production irakienne est sous le contrôle de Daesh. Ce marché noir rapporterait entre 600 000 et 1 million de dollars par jour, soit environ 25 % des revenus de l’organisation. (prix moyen de vente du baril entre 20 et 25 dollars par l’EI) contre 60 dollars sur le marché international).
L’agriculture : selon différentes études, l’agriculture fournirait près de 180 millions de dollars par an de ressources à Daesh. Devant la nécessité de se nourrir, les populations n’ont d’autre choix que d’acheter ces denrées au risque d’engendrer de nouveaux flux migratoires pour fuir la faim. Ainsi de nombreux marchés irakiens ou turcs s’approvisionnement via ce marché. Il en est de même pour le coton qui alimente une part importante de la production textile de la Turquie. La Syrie se place dans les 10 plus importants producteurs au monde et Daesh contrôle près de 90 % de la production syrienne.
  • Zones agricoles en Irak.
  • Zones fertiles en Syrie.

Mais ce qui accentue une fois encore le caractère mafieux de l’Etat islamique, c’est le racket, la corruption, le trafic d’œuvre d’art, les spoliations, l’esclavagisme sexuel, autant d’activités spécifiquement criminelles.
Le trafic d’œuvre d’art : Prétextant vouloir éradiquer les vestiges des civilisations anti - islamiques (destructions de la cité antique de Palmyre par exemple), Daesh a développé un « busisness » très lucratif ! La vente au marché noir d’œuvre d’art, le pillage d’Al-Nabuk par l’organisation terroriste aurait rapporté 28 millions d’euros, selon « le guardian » et le New York Times ». Surprenant de voir un groupe soi-disant religieux et condamnant toute représentation de culture d’impies s’attacher à en faire le commerce.
Le racket, la confiscation : par le biais de l’impôt sur le chiffre d’affaire des commerçants, l’impôt sur le revenu, la taxation des transporteurs (250 euros par camion), Daesh a mis en place un système de racket particulièrement lucratif qui demeure avec le trafic d’œuvres d’art, la ressource financière la plus importante.
L’esclavagisme et le sexe : Bien que se présentant comme des puritains, les hommes de Daesh ont mis en place un trafic du sexe. L’esclavagisme sexuel devient un moyen de terreur, d’assouvir les fantasmes de ses membres mais aussi un marché lucratif pour l’organisation (enfant de moins de 10 ans : 138 euros – moins de 20 ans : 104 euros). Comme Al Capone, qui à son époque, détient le marché de la prostitution (5 dollars la passe) à Chicago, l’utilisation de la femme devient un enjeu financier rentable.

La rémunération des combattants de Daesh est estimée entre 50 et 400 euros par mois, (de 47 à 376 euros selon David Thomson, spécialiste de la question djihadiste) un salaire supérieur au salaire moyen de la région, sans tenir compte des innombrables primes. Al Capone faisait de même avec un salaire moyen de 1 000 dollars pour ses hommes de main, salaire plus élevé que la norme à l’époque.
  • Des procédés de domination identiques : terreur, corruption, meurtre.
Al Capone éradique ses concurrents comme l’Etat Islamique œuvre, lui aussi, à prendre le leadership (action contre Al-Qaïda). Une industrie criminelle se met alors en place. Le 14 février 1929, Al Capone fait exécuter sauvagement 7 membres d’un gang concurrent. (le massacre de la Saint Valentin). Bugo Moran, chef de ce gang dira : « Seul Capone tue les gens comme ça ». Le régime de la terreur devient une institution afin de dissuader toute tentative de prise d’intérêt dans le marché illégal. Ainsi, l’empire d’Al Capone aura procédé à 400 assassinats dont 40 de la main même de son chef. Daesh pratique de même avec une escalade dans la violence et dans l’horreur inégalable. Si Daesh a atteint un niveau de violence effroyable, son action repose bien sur une organisation criminelle qui cherche à préserver ses intérêts économiques et la manne financière qu’il en tire.
Cette politique de la terreur se combine avec la corruption. Si Al Capone soudoie tant les politiques que les fonctionnaires de police, de la justice ou du fisc afin de mener ses activités en toute impunité, l’Etat islamique repose son organisation territoriale sur une partie des fonctionnaires encore présents dans leur zone d’influence. Si ces derniers n’ont guère le choix, au risque d’être exécutés, ils permettent néanmoins à l’organisation salafiste de disposer d’une structure déjà existante qui facilite indéniablement l’établissement de leur « empire » criminel.
L’utilisation des médias (télévision et presse écrite) par Al Capone s’impose pour glorifier son œuvre et s’octroyer une certaine légitimité. Après les effets dévastateurs de la crise de 1929, il est le premier à mettre en place une soupe populaire qu’il saura valoriser au travers d’une communication totalement maîtrisée. Utilisant les moyens modernes de communication, journaux, publication sur les réseaux sociaux…, l’Etat islamique cherche à enrôler de nouvelles recrues et à développer son emprise sur les esprits par le biais d’une communication manipulatrice.
  • Conclusion / analyse.
A travers deux personnalités au fort charisme, suscitant la fascination et en quête d’un véritable culte de leur personnalité, Al Capone comme Abou Omar Al Baghdadi ont élaboré et érigé un véritable « empire » mafieux et criminel.
L’Etat islamique, sous couvert de revenir à l’Islam des premiers temps, n’est en réalité qu’une organisation criminelle recherchant l’appât du gain. Les similitudes entre Abou Omar Al Baghdadi et le parrain de la pègre des années 1920 à Chicago, laissent perplexes. Il est indéniable néanmoins que cette organisation n’est en rien un combat idéologique à caractère religieux mais bien une structure criminelle, terroriste et mafieuse. En utilisant la terreur, Daesh souhaite éradiquer tout adversaire afin de poursuivre ses actions de contrebande, tout en soumettant les populations dominées par un faux semblant d’actions sociales. Quant au recrutement, Daesh exalte la puissance, l’argent et la perversité afin d’attirer des volontaires. Toutefois, jouant sur la fascination et le mystère que peut susciter son chef, son avenir demeure sans issue.
Al Capone chutera, rattrapé par le fisc pour fraude fiscale. Condamné et emprisonné, il décèdera des conséquences de la syphilis. Quand sera – t – il de la chute d’Al Baghdadi ?



































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