jeudi 18 juin 2015

Destruction des idoles

Le numéro trois de Dar Al-Islam, intitulé L'état islamique applique le jugement d'Allah (la destruction des idoles), est une parfaite illustration de ce mécanisme défensif.
On peut discerner dans cet écrit toute la violence d'une sexualité mal vécue et d'un "retour du refoulé"(1) chez les partisans de Daech. Pour ces fondamentalistes, les idolâtres sont nécessairement dans la luxure et la débauche, alors qu'eux même sont dans la pureté absolue, ce qui leur donne le droit "moral" de détruire les "fausses divinités" et d'abattre les adorateurs d'idoles. " La plus grande mission de l'Etat Islamique et du Califat est d'établir le Tawhîd" sur la terre et de détruire le chirk, l'idolâtrie qui est le pire péché commis par les hommes."(2)
Ces antiquités sont les symboles du ressentiment d'un impuissant qui s'acharne à détruire la virilité fantasmée de l'autre, historique et religieuse. Cela rapelle l'animosité destructive chronique des islamistes radicaux contre l'Occident. Nous pouvons retrouver là un thème très archaïque dans la culture de la guerre préhistorique, c'est celui de la castration de l'ennemi.

Ce qu'il y a d'intéressant ici du point de vue de la psychopathologie, c'est qu'on retrouve derrière l'incitation à la haine entre les religions prônées par Daech une peur primaire de la castration, "l'ennemi nous vole, il nous humilie, il nous torture" et quelle torture est plus redoutable que ladite castration? Ainsi, il n'y a qu'une seule réaction possible et légalement valable, la vengeance absolue ! C'est comme cela qu'on pousse des masses psychologiquement analphabètes vers une nouvelle guerre sainte : " Ils incitent nos fidèles pieux et chastes à la débauche, ils méritent d'être annihilés".

Si les hommes impliqués dans ces opérations d'annihilation retrouvaient une sexualité épanouie, ils perdraient probablement leur fascination pour le passage à l'acte violent.

Pour ceux qui se réclament de l'âge d'or de l'islam, il serait sûrement judicieux de rappeler que le plus singulier dans la société musulmane médiévale est son penchant homosexuel. Voici un extrait de "Pour l'amour d'un Chrétien" d'Abû-Nuwâs (757-815) l'un des poètes arabes les plus célèbres du VIIIème siècle qui illustre cette vérité historique:

De bon matin, un faon gracieux me sert à boire.

Sa voix est douce, propre à combler tous les voeux.

Ses accroches coeurs sur ses tempes se cabrent.

Toutes les séductions me guettent dans ses yeux.

C'est un Persan chrétien, moulé dans sa tunique, 

Qui laisse à découvert son cou plein de fraîcheur.

Il est si élégant, d'une beauté unique, 

Qu'on changerait de foi - sinon de Créateur - pour ses beaux yeux.

Si je ne craignais pas, seigneur, d'être persécuté par un clerc tyrannique, 

Je me convertirais, en tout bien et tout honneur.

Mais je sais bien qu'il n'est qu'un islam véridique.


Les pseudos guerriers de Daech devraient donc comprendre que leur retour  d'un âge d'or de l'islam ne passe pas par une application rigoriste de la charia mais plutôt par une acceptation de la nature de leur sexualité. Néanmoins, à leur décharge il faut bien reconnaître que le sexe aujourd'hui, ce n'est pas pour les petites natures!

(1) Processus par lequel les éléments refoulés, n'étant jamais anéantis par le refoulement, tendent à réapparaître et y parviennent de manière déformée sous forme de compromis.
(2) La destruction des idoles, Dar al-Islam N°3 - L'Etat Islamique applique le jugement d'Allâh, p.3.

Rendez-vous la semaine prochaine pour aborder un autre aspect de la mécanique Daech: De l'action militaire à l'action sociale, mise en image d'une soumission librement consentie.

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