Daesh :
un
« remake » de l’empire d’Al Capone ?
En raison des
derniers attentats qui ont meurtri la France, notre action
d’information et de sensibilisation pour lutter contre cette
criminalité barbare organisée est un devoir envers nos victimes.
Prétextant un retour
à un Islam des premiers temps, l’organisation Daesh n’est en
réalité qu’une organisation criminelle et mafieuse qui trouve de
surprenantes similitudes dans les gangs de l’après-guerre de 14-18
aux Etats-Unis.
Cette analyse propose
de mettre en exergue les similitudes entre l’empire d’Al Capone
et l’Etat islamique qui tend à démontrer la réalité de
l’organisation djihadiste.
Abou Omar Al
Baghdadi, Al Capone : des similitudes troublantes.
Issus l’un et
l’autre d’un milieu simple et religieux, ils apparaissent
rapidement comme étant en quête de pouvoir et d’argent. Bien que
travaillant modestement, ils vont peu à peu se laisser porter par
leurs ambitions personnelles, allant jusqu’à renier les préceptes
inculqués durant leur enfance. Tout en se présentant comme des
hommes de conviction, la réalité de leur vie cachée laisse
entrevoir une véritable antinomie entre leur visage public et privé.
Constituant un véritable empire de la corruption reposant sur des
actions criminelles violentes, (Al Capone dira : « On peut
obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver, qu’avec un
mot gentil tout seul »), ils vivent essentiellement cachés et
protégés, craignant pour leur sécurité.
Des traits
psychologiques comparables :
Al Capone :
tempérament impulsif, recherche d’émotions fortes, sûr de lui,
sensibilité à fleur de peau, irritable et imprévisible, émotif,
sensible, fantasque, capricieux, soucieux de son image renvoyée vers
le public, esprit vif au service de sa carrière, opportuniste,
irrationnel, secret, fuyant la réalité, nature introvertie et
froide..
Abou Omar Al Baghdadi
: sensibilité exacerbée, préférant faire faire les choses par les
autres, énergique, nerveux, nature toute en puissance et confiance,
dominant, fier, déterminé, ambitieux, orgueilleux, charismatique,
défiance à l’autorité.
Dotés d’un charisme
incontestable, les deux leaders suscitent la fascination. Forts de ce
pouvoir, ils vont établir leur « empire » sur le culte
de la personnalité.
- Un contexte géopolitique étonnement comparable.
Profitant de la guerre
civile en Syrie et de la forte instabilité en Irak, Daesh a jeté
son dévolu sur cette partie du monde rendue vulnérable. La
désorganisation politique et la fragmentation du pouvoir favorisent
l’émergence d’organisations criminelles. Cherchant à prendre
racine tout en s’appuyant sur le désœuvrement des populations,
(désengagement de l’Etat dans la vie quotidienne et sociale, flux
migratoire lié aux zones de combat, sentiments de vulnérabilité et
de crainte…), Al Baghdadi, calife de l’Etat islamique profite de
cet environnement social, économique et politique défavorable pour
mettre en place sa « mécanique criminelle ».
Al Capone profitera
des années d’après-guerre avec l’interdiction de l’alcool et
du sentiment anti-allemand (les « germaniques » émigrés
dominent dans le domaine de la distillerie et de la brasserie aux
Etats-Unis) pour mettre en place son empire mafieux. Il utilise ainsi
la quête de moralisation de la société (lutte contre
l’alcoolisme, la débauche…) pour développer son empire mafieux.
- Une implantation géographique méticuleusement choisie :
Al Capone jette son
dévolu sur Chicago (2° ville des Etats-Unis). La ville est, à
cette époque, un carrefour économique considérable et un nœud
logistique grâce à l’activité de son port. Disposant d’une
situation géographique privilégiée, la ville de Chicago possède
des infrastructures variées de communication avec une forte activité
portuaire, aidée par la proximité entre autre du Canada, un réseau
ferroviaire dense et un complexe routier important. Dotés de tels
équipements, les secteurs d’activité économique se diversifient,
abattoirs – sidérurgie – industries mécanique – chimie… En
pleine expansion et disposant d’une forte croissance de sa
population, Chicago dispose aussi d’un réseau mafieux très actif.
Profitant de cet environnement, Al Capone va prendre peu à peu le
contrôle de ces organisations criminelles et développer son empire
de la contrebande. Le trafic d’alcool sera en particulier facilité
par l’activité du port permettant un approvisionnement aisé
venant du Canada. Quant à la prostitution, elle se développe en
raison de la situation de la ville, zone de transit portuaire.
Quant à Daesh, il va
profiter de l’implantation d’Al-Qaïda afin de constituer peu à
peu son « empire ». Alors que la situation
insurrectionnelle s’amplifie tant en Irak qu’en Syrie, il s’agit
pour l’Etat islamique d’investir une zone géographique porteuse
économiquement. L’EI met l’effort sur le grenier agricole de la
Syrie et sur les zones pétrolifères syro-irakienne.
Concentrant son effort
sur les abords de l’Euphrate en Syrie, 1ère zone
agricole de Syrie ainsi que dans les zones pétrolifères d’Irak le
long du Tigre, il a pris pied sur les axes logistiques majeurs de la
région, pouvant contrôler jusqu’au trafic commercial majeur
reliant la Jordanie à l’Irak.
En Syrie, par son
implantation, Daesh contrôle la plus grande partie de la production
de coton ainsi que celles d’orge et de blé (majorité des 56 000
km2 de terres irriguées en Syrie). Profitant de l’irrigation des
sols, elle profite de cette manne qu’offre cette zone fertile. En
Irak, elle détourne 40 % de la production agricole à son profit.
Par ailleurs, grâce au pétrole et au gaz, les zones annexées
offrent une garantie financière importante.
Ainsi, Daesh a agi
dans le seul but de conquérir des zones économiques névralgiques,
sources d’importants revenus indispensables à son action mafieuse
et criminelle.
- Un capital financier semblable à l’empire d’Al Capone.
Le pétrole :
si l’annexion de sites d’exploitation par Daesh a fait partie de
sa stratégie initiale de conquête territoriale, elle suit aussi une
logique de marché noir dans une période où le coût du baril
repart à la hausse (2013-2014). Devant une demande internationale
croissante et un approvisionnement en partie perturbé par la
dégradation sécuritaire au Proche-Orient, l’opportunité d’offrir
un pétrole de contrebande incite Daesh à faire effort sur
l’occupation de ces zones stratégiques. Comme Al Capone a su
profiter de l’interdiction de l’alcool par la prohibition, Daesh
joue sur le prix du baril afin de s’enrichir. Ainsi 10 à 20 % de
la production irakienne est sous le contrôle de Daesh. Ce marché
noir rapporterait entre 600 000 et 1 million de dollars par
jour, soit environ 25 % des revenus de l’organisation. (prix moyen
de vente du baril entre 20 et 25 dollars par l’EI) contre 60
dollars sur le marché international).
L’agriculture :
selon différentes études, l’agriculture fournirait près de 180
millions de dollars par an de ressources à Daesh. Devant la
nécessité de se nourrir, les populations n’ont d’autre choix
que d’acheter ces denrées au risque d’engendrer de nouveaux flux
migratoires pour fuir la faim. Ainsi de nombreux marchés irakiens ou
turcs s’approvisionnement via ce marché. Il en est de même pour
le coton qui alimente une part importante de la production textile de
la Turquie. La Syrie se place dans les 10 plus importants producteurs
au monde et Daesh contrôle près de 90 % de la production syrienne.
- Zones agricoles en Irak.
- Zones fertiles en Syrie.
Mais ce qui accentue
une fois encore le caractère mafieux de l’Etat islamique, c’est
le racket, la corruption, le trafic d’œuvre d’art, les
spoliations, l’esclavagisme sexuel, autant d’activités
spécifiquement criminelles.
Le trafic d’œuvre
d’art : Prétextant vouloir éradiquer les vestiges des
civilisations anti - islamiques (destructions de la cité antique de
Palmyre par exemple), Daesh a développé un « busisness »
très lucratif ! La vente au marché noir d’œuvre d’art, le
pillage d’Al-Nabuk par l’organisation terroriste aurait rapporté
28 millions d’euros, selon « le guardian » et le New
York Times ». Surprenant de voir un groupe soi-disant religieux
et condamnant toute représentation de culture d’impies s’attacher
à en faire le commerce.
Le racket, la
confiscation : par le biais de l’impôt sur le chiffre
d’affaire des commerçants, l’impôt sur le revenu, la taxation
des transporteurs (250 euros par camion), Daesh a mis en place un
système de racket particulièrement lucratif qui demeure avec le
trafic d’œuvres d’art, la ressource financière la plus
importante.
L’esclavagisme et le
sexe : Bien que se présentant comme des puritains, les hommes
de Daesh ont mis en place un trafic du sexe. L’esclavagisme sexuel
devient un moyen de terreur, d’assouvir les fantasmes de ses
membres mais aussi un marché lucratif pour l’organisation (enfant
de moins de 10 ans : 138 euros – moins de 20 ans : 104
euros). Comme Al Capone, qui à son époque, détient le marché de
la prostitution (5 dollars la passe) à Chicago, l’utilisation de
la femme devient un enjeu financier rentable.
La rémunération des
combattants de Daesh est estimée entre 50 et 400 euros par mois, (de
47 à 376 euros selon David Thomson, spécialiste de la question
djihadiste) un salaire supérieur au salaire moyen de la région,
sans tenir compte des innombrables primes. Al Capone faisait de même
avec un salaire moyen de 1 000 dollars pour ses hommes de main,
salaire plus élevé que la norme à l’époque.
- Des procédés de domination identiques : terreur, corruption, meurtre.
Al Capone éradique
ses concurrents comme l’Etat Islamique œuvre, lui aussi, à
prendre le leadership (action contre Al-Qaïda). Une industrie
criminelle se met alors en place. Le 14 février 1929, Al Capone fait
exécuter sauvagement 7 membres d’un gang concurrent. (le massacre
de la Saint Valentin). Bugo Moran, chef de ce gang dira : « Seul
Capone tue les gens comme ça ». Le régime de la terreur
devient une institution afin de dissuader toute tentative de prise
d’intérêt dans le marché illégal. Ainsi, l’empire d’Al
Capone aura procédé à 400 assassinats dont 40 de la main même de
son chef. Daesh pratique de même avec une escalade dans la violence
et dans l’horreur inégalable. Si Daesh a atteint un niveau de
violence effroyable, son action repose bien sur une organisation
criminelle qui cherche à préserver ses intérêts économiques et
la manne financière qu’il en tire.
Cette politique de la
terreur se combine avec la corruption. Si Al Capone soudoie tant les
politiques que les fonctionnaires de police, de la justice ou du fisc
afin de mener ses activités en toute impunité, l’Etat islamique
repose son organisation territoriale sur une partie des
fonctionnaires encore présents dans leur zone d’influence. Si ces
derniers n’ont guère le choix, au risque d’être exécutés, ils
permettent néanmoins à l’organisation salafiste de disposer d’une
structure déjà existante qui facilite indéniablement
l’établissement de leur « empire » criminel.
L’utilisation des
médias (télévision et presse écrite) par Al Capone s’impose
pour glorifier son œuvre et s’octroyer une certaine légitimité.
Après les effets dévastateurs de la crise de 1929, il est le
premier à mettre en place une soupe populaire qu’il saura
valoriser au travers d’une communication totalement maîtrisée.
Utilisant les moyens modernes de communication, journaux, publication
sur les réseaux sociaux…, l’Etat islamique cherche à enrôler
de nouvelles recrues et à développer son emprise sur les esprits
par le biais d’une communication manipulatrice.
A travers deux
personnalités au fort charisme, suscitant la fascination et en quête
d’un véritable culte de leur personnalité, Al Capone comme Abou
Omar Al Baghdadi ont élaboré et érigé un véritable « empire »
mafieux et criminel.
L’Etat islamique,
sous couvert de revenir à l’Islam des premiers temps, n’est en
réalité qu’une organisation criminelle recherchant l’appât du
gain. Les similitudes entre Abou Omar Al Baghdadi et le parrain de la
pègre des années 1920 à Chicago, laissent perplexes. Il est
indéniable néanmoins que cette organisation n’est en rien un
combat idéologique à caractère religieux mais bien une structure
criminelle, terroriste et mafieuse. En utilisant la terreur, Daesh
souhaite éradiquer tout adversaire afin de poursuivre ses actions de
contrebande, tout en soumettant les populations dominées par un faux
semblant d’actions sociales. Quant au recrutement, Daesh exalte la
puissance, l’argent et la perversité afin d’attirer des
volontaires. Toutefois, jouant sur la fascination et le mystère que
peut susciter son chef, son avenir demeure sans issue.
Al Capone chutera,
rattrapé par le fisc pour fraude fiscale. Condamné et emprisonné,
il décèdera des conséquences de la syphilis. Quand sera – t –
il de la chute d’Al Baghdadi ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire