La Mécanique DAECH accuse !
Le
vrai visage des pourvoyeurs djihadistes de l’Internet,
Le
cas d’Archive.org
Les nouveaux moyens de
communication
issus de l'Internet et de ses dérivés (plateformes de
médias en tout genre, réseaux sociaux, etc…) ont profondément
changé la donne des modes opératoires des groupes terroristes.
La guerre ne se fait plus seulement sur un terrain physique mais
s’établit et se pense au sein d’une sphère virtuelle. Comme
toute technologie qui se respecte, l’Internet possède des failles
qui profitent à une propagande djihadiste pénétrée par une
communication guerrière et profondément abjecte.
Les événements
tragiques de ces derniers mois et les mesures prises par la
communauté internationale sont autant d’étapes insufflant une
prise de conscience aux grands acteurs de l’Internet et des réseaux
sociaux. Face à un laisser-faire massif, une coopération entre ces
derniers (Apple, Facebook, Google, Microsoft, Twitter) et les
autorités gouvernementales françaises a été mise en place dans le
but de lutter contre le terrorisme, la radicalisation sur
l’Internet1,
et responsabiliser des grands opérateurs.
Or, les hébergeurs de
contenus faisant l’apologie du terrorisme s’investissent de
manière inégale dans la coalition menée contre le terrorisme sur
la toile. Pire, certains exploitent la renommée des groupes
islamiques pour en tirer des avantages médiatiques et financiers et
ce, en dépit de la résolution 2199 adoptée par le Conseil de
Sécurité des Nations Unies qui ordonne le gel des « ressources
financières et économiques » des groupes djihadistes y
compris « celles qui sont utilisées pour l’hébergement
de sites internet et de services connexes »2.
Dans ce cas, Archives.org
manifesterait un positionnement qui relèverait d’un certain flou
artistique. Cette plateforme, qui n’est pas exclusivement dédiée
aux contenus des groupes terroristes, met à disposition des
internautes du contenu multimédia (vidéo, audio, texte, software,
PDF, GIF, etc.) et classe ces mêmes contenus dans des catégories et
sous-catégories. Daesh n’a qu’à se frotter les mains de cette
aubaine numérique pour développer et affiner sa propagande.
A l’instar de toute
entreprise ou organisation, le groupe extrémiste fait appel à ses
propres agences de communication pour instaurer un lien avec leurs
cibles en élaborant un positionnement à forte visibilité sur
l’ensemble des terrains d’opérations (physique et virtuel)3.
Les produits de communication labélisés Daesh assimilent l’adhésion
à la reconnaissance de la vérité absolue, par le biais de symboles
forts et de discours relevant de la religion, de l’histoire mais
aussi de la décrédibilisation de l’ordre établi. Ces discours
fanatiques méconnaissent le caractère propre de la démarche
argumentative et se contentent de persuader par la force, la terreur
et le spectaculaire.
Quelques
clics suffisent sur le site Archive.org pour accéder à des vidéos,
images et bandes-son nous plongeant dans l’univers macabre de
Daech. Le plus souvent, ces supports de communication font appel au
rassemblement, au meurtre et poussent le vice jusqu’à la mise en
scène d’exécutions et de maltraitance. En témoignent les prises
d’écran suivantes, retraçant en partie les exactions et actes
effroyables de Daesh :
Le calife de l’Etat
islamique, Aboû Bakr al-Baghdâdî, prenant la parole dans une
mosquée
Exécution d’un espion
avec pour support textuel un passage du religieux à la menace
Vidéos relatant les
exactions menées par Daesh depuis l’instauration du califat.
En ignorant le contenu
exploité par les djihadistes, Archive.org semble se positionner dans
un premier temps comme victime passive d’un mouvement extrémiste.
Un instant de réflexion suffit pour constater que son implication et
sa responsabilité sont bien plus importantes que celles d’un
simple pourvoyeur de contenus multimédia. Par son inaction, cette
plateforme contribue à la diffusion mondiale de contenus terroristes
qui cherchent à recruter de nouveaux combattants, menacer des
populations innocentes... Par avance assuré de la tendance de son
auditoire, on serait en droit de se demander si finalement cette
plateforme de partage de contenus ne deviendrait pas le complice
actif de crime contre l’humanité.
Face à cette montée en
puissance des groupes islamistes extrémistes sur le web et ses
réseaux sociaux, des outils au service des pouvoirs régaliens ont
été mobilisés pour s’engager durablement dans la lutte contre
l’apologie du terrorisme et de ses dérives sectaires. La loi sur
le renseignement marque la progression notable de la France dans
le traitement numérique du terrorisme. Au-delà des polémiques que
cette loi a pu susciter dans la sphère publique et médiatique, nous
n’en restons pas moins conscients des avancées qu’elle engendre.
Les hébergements sont soumis à une nouvelle règlementation qui
les contraint à accepter une captation en temps réel des données
de connexion et la mise en place de boites noires. Investir dans les
moyens numériques serait une des solutions incontournables face aux
contenus incitant au terrorisme ou faisant son apologie. Ainsi, le
code pénal français prévoit une condamnation pouvant aller jusqu’à
7 ans de prison et 100 000 euros d’amende « lorsque les
faits ont été commis en utilisant un service de communication au
public en ligne ». Par ailleurs, l’article 6 de la loi
2014-1353 du 13 novembre 2004 « pour confiance de l’économie
numérique (LCEN) », oblige, elle aussi, les
Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) et les hébergeurs à
« concourir à la lutte contre la diffusion ».
Parler c’est agir.
Laisser parler c’est collaborer…
1
Le 03 décembre 2015 à Matignon, réunion de travail avec les
grands acteurs de l’Internet et des réseaux sociaux, et le
gouvernement français.
2
ONU/CSNU : résolution 2199 adoptée par le CSNU le 12 février
2015
3
www.mediapart.fr : « Les
rouages de la communication terroriste : comment comprendre les
enjeux de la peur »,
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