Les deux principaux mensonges de son parcours
Le 29 juin 2014, premier jour du mois de Ramadan, Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri (dit Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi, anciennement Abou Du'a), se proclame calife de l'État islamique (calife Ibrahim). Cet acte majeur est le début d’une grande imposture dans l’Islam contemporain. En effet, rien ni personne n’a pu déterminer avec certitude son ascendance avec le prophète Mahomet ni même vérifier ses compétences théologiques et surtout religieuses.
La biographie diffusée par la BBC évoque un
simple prieur dans une petite mosquée.
Le 29 juin 2014, premier jour du mois de Ramadan, Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri (dit Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi, anciennement Abou Du'a), se proclame calife de l'État islamique (calife Ibrahim). Cet acte majeur est le début d’une grande imposture dans l’Islam contemporain. En effet, rien ni personne n’a pu déterminer avec certitude son ascendance avec le prophète Mahomet ni même vérifier ses compétences théologiques et surtout religieuses.
Une
ascendance et une
ferveur religieuse contestée
Né
dans l'est de l'Irak (les sources divergent quant à sa ville de
naissance) en 1971, Al-Baghdadi est un djihadiste irakien. Sa
jeunesse est méconnue et sa biographie précise difficilement
vérifiable. Issu d'une famille rurale et pauvre, certains le
décrivent comme un ancien agriculteur. Le chercheur irakien Hisham
al-Hashimi rencontre Al-Baghdadi à la fin des années 1990. Selon
lui, il n'avait alors
« pas
le charisme d'un chef
[...] il était très timide et parlait peu ».
Afin
de justifier une descendance liée à celle du prophète Mahomet,
Al-Baghdadi attache le patronyme « Al-Qurashi » à son
nom. Cette mention fait référence au clan des Quraych dont est issu
le Prophète. Cependant, aucun lien avec ce clan n’a pu être
démontré et encore moins prouvé par des documents officiels
(généalogie…).
Des
journaux européens ayant enquêté sur le parcours de Baghdadi le
décrivent comme mauvais
élève.
Il aurait été refusé par l'armée à cause de sa myopie, malgré
son appartenance à la minorité sunnite au pouvoir. N'ayant pu
intégrer une faculté de droit, il se rabat, par défaut vers des
études en théologie.
Sa
carrière de prédicateur est même très contestée. Certaines
sources affirment qu'il prêchait à la mosquée Ibn Hanbal Ahmad à
Samarra, ainsi qu'à la Grande Mosquée à Bagdad, à la prière du
vendredi. Mais l'analyste irakien Sajad Jiyad et beaucoup d'autres
pensent qu'il ne s'agirait que de manœuvres pour créer de toute
pièce une légitimité au leader de Daech.
D'autres rumeurs le décrivent comme un ex-espion à la solde des services occidentaux (Cf. notre prochain article).
Si l’on en croit un document de l’Agence Gouvernementale américaine Freedom of Information Act, déclassifiée en février 2015 (équivalent français de la CNIL), l’ennemi public N°1 exerçait la profession de secrétaire, bien loin des champs belliqueux. Il officiait dans un bureau administratif de Falloujah, dans le centre de l’Irak. Ce rapport a été révélé par le journal britannique Business Insider.
D'autres rumeurs le décrivent comme un ex-espion à la solde des services occidentaux (Cf. notre prochain article).
Si l’on en croit un document de l’Agence Gouvernementale américaine Freedom of Information Act, déclassifiée en février 2015 (équivalent français de la CNIL), l’ennemi public N°1 exerçait la profession de secrétaire, bien loin des champs belliqueux. Il officiait dans un bureau administratif de Falloujah, dans le centre de l’Irak. Ce rapport a été révélé par le journal britannique Business Insider.
Fichier déclassifié sur al-Baghdadi |
Freedom of information Act dévoile une photo de cette époque où on y voit l'ancien secrétaire porter des lunettes, sans turban. |
De
plus, Sajad Jiyad déclare qu'il n'a pas trouvé le moindre indice
d'une quelconque ferveur religieuse dans la jeunesse de Baghdadi, et
doute fortement de son passé
religieux : « Je
serais surpris s’il était une personne religieuse, comme la
plupart des Irakiens qui se sont impliqués dans des groupes
djihadistes étaient baasistes laïques avant 2003 ».
La véracité de ses diplômes est tout aussi douteuse que ses aptitudes à la pratique de la religion.
La véracité de ses diplômes est tout aussi douteuse que ses aptitudes à la pratique de la religion.
Un
doctorat contesté
Il
rentre à l'université à 20 ans en 1991, au moment où la guerre
éclate suite à l'invasion du Koweit la même année. L’Irak est
sous contrôle américain. Il fait deux
ans d'études à
Bagdad sans qu’aucune preuve n'ait été établie et ne justifiant
pas d’un quelconque doctorat.
Cette
histoire de diplôme obtenu à l'université théologique de Bagdad
(ouverte en 1989) ne tient pas.
En
effet, ses périodes d'emprisonnement entre 2004 et 2009 rendent
impossible une formation de ce type qui se fait sur plus de 10 ans.
Par ailleurs, personne n'est venu corroborer le fait qu'il ait
soutenu une thèse ou obtenu un diplôme. D’ailleurs, tous les
doctorats décernés par l'Université de Bagdad entre les années
1995 et 2005 identifient clairement leur auteur. Comment se fait-il
que sa thèse ne soit enregistrée nulle part ? Comment a-t-il
pu suivre des cours dans une université partiellement détruite lors
de la 1ere guerre du Golfe ?
Ainsi,
ce doctorat
serait une rumeur lancée
par les militants pro Daech pour légitimer leur chef (l’articleque lui a consacré Newsweek met sérieusement en doute ce fameux
diplôme.
ou encore un article du New York Times )
Les
discussions relatives à la page Wikipedia qui lui est consacrée
soulignent ces éléments très contestés : il semblerait que
des militants pro-Daech tentent régulièrement de falsifier
sa biographie (en
omettant bien sûr de citer des sources pourtant obligatoires,
mais... inexistantes !).
On
peut y lire notamment :
«
[…] pas de titre de la thèse, pas de directeur de mémoire, pas de
publication, pas d'année de publication et encore moins de
soutenance. De même, l'université de Bagdad peut fournir sans
problème les noms des thésards en Islam entre 1995 et 2005, et tous
sont répertoriés, annotés, datés, titrés et toutes les thèses
sont attribuées. Il n'y en n'a pas une seule avec un nom non
identifié (on sait qu'Al Baghdadi aime les alias... Mais là, ça ne
marche plus.)
Je
pense que c'est quand même le minimum quand on parle d'un thésard,
c'est d'avoir sa thèse et sa date de soutenance et de publication.
Bref,
je pense donc qu'il est temps désormais d'arrêter de lui attribuer
des diplômes qu'il n'a pas. Ou de signaler que ses partisans lui ont
inventé l’« histoire de sa vie » en prétendant qu'il
s'y connaissait en islam pour le légitimer à son poste de
« calife ». Sachant qu'en plus une thèse sur l'islam
porte uniquement sur un point spécifique et qu'on y étudie pas la
religion en tant que telle, mais un aspect (charia, vie pratique
etc…), en aucun cas cela donne des connaissances comme peuvent
l'avoir les docteurs en théologie. Bref, même en mentant, il se
plante. »
Alors,
Al Baghdadi, vrai calife ou réel imposteur ?
Cet article fait suite à : Al-Baghdadi, l'autoproclamé calife de Daech, est-il un escroc ?
Prochains articles à paraître sur le sujet :
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