L’école de
Daech ou l’industrie de l’infanticide ?
Malgré
les revers infligés par la coalition internationale, l’Etat
Islamique continue de diffuser l’horreur au travers de sa
propagande. Dans son dernier Dal al-Islam, support de communication
francophone officiel de Daech, l’Etat Islamique fait une critique
du système scolaire français en le désignant comme antireligieux
et maçonnique. En pointant du doigt particulièrement les valeurs de
la République et de la laïcité, Daech blâme les occidentaux en
fustigeant « l’ignorance et la corruption morale […] de la
masse et du troupeau inculte et pervers ». Comme à leur
habitude, l’article appuie ses arguments par le biais de versets du
Coran et de la Sunna. Ils mettent en avant la supposée
incompatibilité de l’islam vis-à-vis des valeurs républicaines
telles que la liberté de conscience, la laïcité, l’égalité et
le refus du prosélytisme. Toujours d’après cet article, les
parents musulmans portent la responsabilité de la transmission du
religieux et partant « de la mécréance et de la perversion de
leurs enfants » en les « jetant dans les antichambres de
l’Enfer », à savoir ici, l’école française.
Fort
heureusement, plusieurs solutions clémentes et vertueuses sont
envisagées par Daech ! Venir faire la hijra dans un pays
véritablement musulman (le « territoire » de Daech),
attaquer physiquement les fonctionnaires de l’éducation nationale
et des services sociaux ou engager leurs propres enfants vers le
parachute doré de la mort.
Mais
quel sort Daech réserve véritablement à ses propres enfants ?
Quel est réellement l’éducation de l’islam tant revendiquée et
mis en avant par ce groupe terroriste ?
Des
enfants soldats
Début
décembre, l’Etat Islamique a publié une nouvelle vidéo glaçante,
d’une quinzaine de minutes, mettant en scène six enfants de 10 à
11 ans et de nationalités différentes. Rappelons, au passage, que
le droit islamique stipule, dans le cas du djihad offensif, que les
enfants aient atteint l’âge de la maturité qui est à 15 ans…
Est-ce là le premier paradoxe de Daech ?
En
dépit de cette contradiction remarquable dans leurs propres
croyances et pratiques de la religion, l’objectif de cette vidéo
est de sensibiliser parents, enfants et adolescents à la cause
djihadiste à des fins de recrutement.
La
construction de la vidéo est remarquable en tout point. L’esthétique
est très soignée et les images sont de grande qualité, retouchées
par ordinateur. Le montage s’articule en trois phases de tension
croissante, mettant le spectateur dans un état psychologique propre
à recevoir le message véhiculé.
La
première phase, courte, capte l’attention du spectateur en
utilisant le procédé de la caméra subjective. Une personne est
derrière un ordinateur et surfe sur les réseaux sociaux. Le
spectateur devient actif en s’identifiant au personnage. Cette
phase fait référence à l’étape d’endoctrinement par
l’Internet.
La
deuxième phase, un peu plus longue, évoque l’éducation coranique
et la formation des enfants au combat. Le rythme est calme, les
séquences longues et le maître est mis en avant comme étant le
messager. La première moitié de cette phase montre une classe en
plein désert récitant des versets du Coran. Ensuite, toujours avec
le même maître, ces enfants s’entrainent aux techniques de combat
rapproché. Le spectateur redevient alors témoin, en assistant aux
différentes étapes qui mettent en valeur la formation idéale selon
Daech : l’esprit du djihad et le corps du guerrier. Ou
devrions-nous dire « l’apologie du meurtre et les techniques
de la violence » ?
La
troisième phase, plus macabre, plus longue et plus saccadée,
présente six enfants désignés pour exécuter des prisonniers. Ils
sont sélectionnés parmi les plus méritants de la phase précédente.
Leur nom et leur visage sont présentés comme dans un jeu vidéo.
Ces « méritants » sont alors introduits sur leur
« terrain de jeu », une forteresse abandonnée. Un homme
les y attend, prêt à leur remettre une arme. En même temps qu’ils
se saisissent de l’arme, ils revêtent la cagoule du bourreau.
Cette phase est importante dans sa symbolique, les enfants sont
dépersonnalisés, l’individu est gommé au profit du groupe. S’en
suit un jeu de piste dans la forteresse où les enfants doivent
retrouver et exécuter les condamnés. Dans leur parcours, ils
trouveront diverses récompenses comme une lampe torche et un
couteau. On se croirait dans le dernier Call of
Duty !!! Les exécutions sont ritualisées et
esthétisées, le sang versé et l’agonie des condamnés sont mis
en avant. Le dernier enfant se voit autoriser la récompense suprême,
exécuter son prisonnier en l’égorgeant au couteau.
La
mise en scène, tel un jeu vidéo, aide à s’éloigner de la
violence brute et met en avant l’exécution de la justice. En
aidant le spectateur à se distancier de cette violence, le montage
renforce le message du caractère impitoyable du jihad, que tout
musulman se doit de transmettre à sa descendance. Faire de nos
enfants des guerriers et des bourreaux, voilà l’éducation de
Daech !
L’école
républicaine
Selon
Daech, l’éducation républicaine et laïque serait une perversion
de l’âme de nos enfants face à la pensée unique du djihadisme. Mais quelles sont les valeurs qui leur font donc tant peur ? Pour
aborder le sujet, il est intéressant de revenir sur les fondements
de l’école républicaine. L’héritage rationaliste des Lumières,
une foi romantique et positiviste dans le progrès humain, des
valeurs universelles et universalisables, et l’aventure de la
responsabilité démocratique d’un peuple à la fois souverain et
éclairé.
A
la différence des gouvernements précédant la période des
Lumières, la République est un gouvernement pensé par les Hommes
et pour les Hommes. Ces nouveaux penseurs appelés Humanistes
rejettent les dogmes de l’église. L’école d’aujourd’hui est
encore emprunte des valeurs de la loi de 1882 de Jules Ferry.
Anticlérical mais pas antireligieux, l’objectif de sa loi de
laïcisation de l’école était de faire sortir du programme tout
dogme. L’instruction religieuse appartient dès lors aux familles
et à l’Eglise.
Notre
système éducatif emprunte plusieurs de ses fondements à l’époque
gréco-romaine. La référence la plus significative de cet héritage
historique serait la théorie de la maïeutique platonicienne.
Au-delà de l’acquisition de connaissances pures et dures, cette
méthode permet la confrontation de plusieurs idées, positions et
observations de l’être humain. Par la négation et la
réconciliation interne d’idées, un cheminement prend forme pour
atteindre un raisonnement propre à chacun. Au contraire, Daech
interdit toute critique salvatrice de l’Homme en imposant l’ordre
du Sacré. L’enfant n’est plus maître de son raisonnement mais
assujetti à la seule et unique parole transcendantale.
L’existence du monde des idées où tout s’interroge, se discute,
se comprend dérange, car elle conduit un peuple à se libérer de
ses jougs, et à se construire en une civilisation éclairée.
L’école républicaine, c’est la liberté d’avoir le choix, la
liberté du partage de connaissances et la faculté à dépasser les
préjugés.
A
peine mis au monde, les enfants djihadistes sont conditionnés
pour mourir « physiquement et psychiquement ». La
violence des corps et la contagion des esprits sont les constantes
immorales que combat notre système éducatif. Voilà la force
terrifiante qui fait trembler Daech : notre esprit critique et
notre liberté de conscience !